Un oiseau sous haute surveillance
Depuis 2020, le Parc et ses partenaires (associations de protection de l’environnement, collectivités territoriales, structures Natura 2000, OFB, ONF, Conservatoire du Littoral, Réserves naturelles nationales, SMIDDEST, DREAL, DDTM, et Grands ports maritimes) mènent des actions de communication et de balisage des nids en faveur de cette espèce protégée qui niche sur nos littoraux. Depuis 2021, un suivi de l’espèce est mis en œuvre d’avril à juillet pour suivre l’évolution de la répartition du nombre de couples nicheurs sur le linéaire côtier du Parc et identifier les zones à enjeux pour la nidification. Au terme du suivi 2024, des propositions techniques seront données pour élaborer un programme de suivi de l’espèce sur le long terme.
Où et quand trouve-t-on cet oiseau sur notre littoral ?
Oiseau migrateur, le Gravelot à collier interrompu quitte l’Afrique de l’Ouest et le bassin méditerranéen à partir de février pour rejoindre les côtes atlantiques françaises et débuter la reproduction à compter de la fin mars jusqu’en août. Dès juillet, les adultes ayant terminé la reproduction et les jeunes émancipés se rassemblent. Ce comportement annonce le début des départs pour les oiseaux qui rejoignent leurs quartiers d’hivernage, un phénomène qui se poursuivra jusqu’en octobre. En hiver, seule une minorité d’oiseaux reste en France.
Bien que les premiers signes de départ vers leur migration hivernale commencent dès juillet pour certains individus, la période d’avril à début août est aussi marquée par l'éclosion des œufs.
Le mois de juillet correspond au pic d’éclosion qui se poursuit et à une période où les parents élèvent leurs oisillons. Cela n’est pas chose aisée car les poussins sont « nidifuges », ce qui signifie qu’ils quittent le nid après l’éclosion. La surveillance des parents doit être soutenue pour les protéger des dangers environnants ! Un des subterfuges des parents pour éloigner les menaces des oisillons est de feindre une aile cassée en détournant l’attention d’une possible menace (corneille, chien, promeneur). Cette stratégie permet aux poussins de passer inaperçus en s’immobilisant dans le sable dont la couleur est proche de celle de leur plumage.
Quels sont les résultats des suivis ?
Depuis 2021, à l'exception de 2022, le suivi du Gravelot à collier interrompu, financé par le Parc et piloté par la LPO, est mené sur 173 km de linéaire côtier du Parc évalués favorable à l’espèce.
Les observateur.trice.s cherchent les individus nicheurs et géolocalisent leurs observations afin de suivre l’évolution de la reproduction de chaque couple trouvé. Chaque mois, une carte de répartition des couples et des nids est produite et transmise aux membres du groupe de travail. Grâce à cela, les gestionnaires d’espaces de plages du territoire ont connaissance des zones de haute sensibilité sur lesquelles les évènements tels que les manifestations sportives ou culturelles doivent prendre les mesures nécessaires pour ne pas mettre en danger la nidification.
Cette année, il y a une progression notable des effectifs de couples nicheurs et du nombre de nids. Mais il est nécessaire de poursuivre les suivis sur plusieurs années afin d’atteindre nos objectifs de détermination de tendance de la population nicheuse et estimer les zones à enjeux de conservation.
2021 | 2023 | 2024 | |
Effectifs couples nicheurs | 128 | 181 | 209 |
Nombre de nids | 71 | 54 | 87 |
Mais pas de conclusion hâtive !
Ces premières observations qui sont encourageantes devront être confirmées en fin de saison lors du bilan qui sera réalisé par la LPO, et les tendances sont à estimer sur une période plus longue pour déterminer l’augmentation ou le déclin de l’espèce à l’échelle du territoire du Parc. Pour la première fois cette année nous déterminons l’âge des poussins observés lors des suivis. Plus de grands poussins sont recensés et plus la probabilité d’avoir des jeunes à l’envol est élevée.
Le banc de Cordouan est un secteur à enjeu majeur pour les couples de gravelot. En 2023, le banc constituait le site avec la plus grande densité de nids ! Toutefois, en plus d’accueillir le gravelot, il est aussi un lieu de reproduction pour d’autres espèces. En juin, les équipes du Parc et de la LPO ont observé des nids de plusieurs espèces de laridés (Goélands argentés, Sternes pierregarin) et d’une autre espèce de limicole : l’Huîtrier pie.
Les premiers poussins sur l’Île nouvelle de Cordouan ont été observé ce mois de juillet bien que d’autres, plus précoces, aient pu passer inaperçus lors des précédents passages.
Alors, pour les années à venir, ne relâchons pas nos efforts pour protéger cette espèce menacée.