Quelles sont les origines des déchets retrouvés sur le littoral ?

17 juillet 2024

Le 9 juillet 2024, un atelier participatif constitué d’usagers de différents secteurs d’activités (activités portuaires, agriculture, pêche, tourisme, assainissement des eaux usées etc.) a été organisé dans les locaux du Parc afin de travailler sur l’origine des déchets. Guidés par les agents du Parc et du CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux), les participants ont été invités à déterminer les sources probables des échantillons de déchets qui leur ont été présentés.

Le projet « ORDECH »

Le projet ORDECH (Origine des déchets) est mené par 4 Parcs naturels marins : Estuaire de la Gironde et mer des Pertuis, Bassin d’Arcachon, Iroise et Mayotte. Il est financé par l’Office français de la biodiversité (OFB). La conduite du projet est confiée au Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE).

Le projet se déroule en 4 étapes :

  • Synthèse bibliographique et état des connaissances
  • Caractérisation fine des déchets par le CEDRE et attribution de sources potentielles en fonction des indices observés (inscriptions, état d’usure, présence ou absence de biofouling etc.), réalisées en mars 2024
  • Atelier participatif constitué d’usagers de différents secteurs d’activités (tourisme, assainissement des eaux usées, gestion des déchets, pêche, agriculture, gestion d’espaces naturels etc.)
  • Analyse des résultats et conclusions de l'étude

L’objectif est de comprendre l’origine des déchets échoués sur le littoral. De quelles activités proviennent-ils (industrie, pêche et aquaculture, domestique, agricole etc.) ? Par quelles voies de transfert (cours d’eau, rejet d’eau usée/pluvial, courants marins etc.) ?

Les déchets collectés sur les 11 sites du Parc, lors du suivi des macrodéchets échoués sur les plages de 2022, ont été conservés afin d'être minutieusement étudiés.

Tri et caractérisation des déchets échoués sur le littoral du Parc

Lou Aouali / Office français de la biodiversité

Lou Aouali / Office français de la biodiversité

Le déroulement de l’atelier

Des échantillons de déchets collectés sur 4 sites du Parc ont été disposés sur des tables en quantité proportionnelle à ce qui a été retrouvé sur les plages (des bouchons, des emballages alimentaires/non alimentaires, divers contenants, ficelles, cordages, jouets, semelles de chaussures etc.).

Répartis en petit groupe, les participants ont été invités à :

  1. Observer les déchets et noter tous les indices disponibles
  2. Réfléchir aux possibles activités et sources
  3. Définir la part probable de ces sources pour chaque déchet

Cet exercice avait déjà été réalisé au préalable par les scientifiques du CEDRE sur l’ensemble des déchets collectés à l’échelle du Parc (sur 11 sites).

Des déchets « non identifiés » par les spécialistes ont également été présentés aux participants pour tenter de reconnaître la nature de l’objet initial.

L’objectif de cet atelier était de s’appuyer sur l’expertise des participants dans leur domaine respectif et leurs connaissances du territoire afin de compléter, confirmer (ou non) le travail des scientifiques du CEDRE.

Atelier participatif sur l'origine des déchets

Perrine Guillemenot - CEDRE

Perrine Guillemenot - CEDRE

Réflexion autour de l'origine des déchets

Marine Paul - CEDRE

Marine Paul - CEDRE

Quels sont les indices ?

Dans un premier temps, il a été proposé aux participants d’observer les déchets mis à leur disposition et d’en identifier la nature : sac de course, bouteille d’eau en plastique, emballage de gâteaux, tube de dentifrice, coton-tige...

Ensuite, les participants ont observé et noté les différents indices présents sur les déchets :

  • L’état d’usure (fragmentation/dégradation, coloration/décoloration) qui permet de renseigner sur le temps de séjour dans l’environnement et l’exposition au soleil (déchets enfouis ou en surface)
  • Le biofouling (faune et flore fixée), la présence ou l’absence d’algues, de coquillages ou de petits crustacés fixés, qui donne une information sur le temps passé en mer et la voie de transport des déchets (voie maritime ou terrestre)
  • Les inscriptions (dates (DLC), marque, langue, packaging etc.) donnent des indications sur le pays d’origine, la période d’utilisation et production de l’objet ou encore l’activité dont il est issu.

Quelles sont les sources possibles ?

Lors de cette deuxième phase de réflexion, il a été proposé aux participants de classer chaque déchet par usage ou activité « marine » versus « terrestre ».

L’exercice révèle la difficulté de n’attribuer qu’une seule source à chaque déchet, certains pouvant provenir d’activité terrestre ou marine. À titre d’exemple, une bouteille d’eau en plastique pourrait provenir du tourisme balnéaire, d’un bateau de plaisance ou de transport maritime ou encore avoir été transporté par un cours d’eau.

Les participants en ont conclu qu’un déchet peut avoir plusieurs sources possibles.

Les travaux des scientifiques du CEDRE ont permis de déterminer 14 sources/activités (économiques ou usages) potentiellement génératrices de déchets au sein du Parc : les ménages, la collecte et gestion des déchets (poubelles, transport, déchèterie, décharge), la pêche, la conchyliculture, l’agriculture, les rejets d’eaux usées, le tourisme (balnéaire et autre), la plaisance (et activités nautiques), le transport maritime de marchandises, le transport maritime de loisir (croisières), les activités portuaires, le bâtiment/construction, l’industrie, la chasse.

Consignes de l'atelier : réfléchir aux origines des déchets

Atelier participatif sur l'origine des déchets

Perrine Guillemenot - CEDRE

Perrine Guillemenot - CEDRE

Consignes de l'atelier : réfléchir à la part des sources par déchet

Consignes de l'atelier : réfléchir à la part des sources par déchet

Quelle est la part de ces sources par déchet ?

Pour chaque déchet présent sur les tables, les participants ont été invités à définir la part potentielle des 14 sources pré-identifiées, de « fortement probable » à « pas probable » en passant par « plutôt probable », « moyennement probable », « peu probable » ou « très peu probable », à l’aide d’étiquettes colorées.

Les étiquettes « fortement probable », « plutôt probable » et « moyennement probable » ne peuvent être attribuées que 1, 4 et 6 fois respectivement par déchet.

Le caractère volontaire ou accidentel n’entre pas en jeu dans l’évaluation.

Conclusion de l'atelier

Enfin, au regard de l’ensemble des éléments analysés et du contexte local (courants, vents, activités socio-économiques), les participants ont été invités à conclure pour les 4 sites étudiés sur :

  • le type de pollution le plus présent (plastique, autre)
  • la proportion d’apport maritime versus terrestre (ex : 50%-50% ou 70%-30% etc.)
  • le top 5 des activités génératrices de déchets

Ces résultats seront comparés à ceux obtenus par les scientifiques. Les conclusions du projet sont attendus pour la fin d’année 2024 pour les 4 Parcs naturels marins concernés.

Contexte local du Parc naturel marin de l'estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis

Les participants

Nous remercions l’ensemble des participants pour les échanges enrichissants et constructifs : Pascal Hénaff (Pêcheur et ancien Président du Comité des pêches), Jacques Veteau (Agriculteur), Emrick Herbaut (Office du tourisme île d’Oléron Marennes), Marion Mesnard (Office du tourisme de La Rochelle), Peggy Gautier (Eau 17), Alexia Fichou (Grand port maritime de La Rochelle), Loïc Jomas (Réserve naturelle nationale de Moëze-Oléron/LPO), Tony Robreau et Bruno Roy (Commune de Saint-Palais-Sur-Mer), Bérénice Lapouyade et Christine Jardé (CPIE Médoc).

Pour aller plus loin :

Le Parc, en parallèle du projet ORDECH, coordonne un suivi des déchets échoués sur le littoral depuis 2018. Pour en savoir plus sur les chiffres clés de l’opération pour l’année 2023.