Des mouillages innovants
Les herbiers de zostère naine constituent un habitat à enjeu majeur de préservation pour le Parc naturel marin. Ces herbiers sont fragiles et sensibles à plusieurs pressions dont celle générée par les mouillages des navires de plaisance.
Afin concilier les objectifs de préservation de cet habitat mais aussi de maintien des activités de loisirs et de la plaisance en particulier, le Parc a mis en place le projet PLAIZPARC (PlAIsance et Zostère dans le PARC). Ce projet a notamment pour objectifs de développer et tester des mouillages permettant de limiter la pression sur ces herbiers mais aussi de développer des systèmes de comptages automatiques des navires pour mieux connaitre l’activité.
Richard Coz- OFB
Les zostères : une plante marine fragile et menacée
Les zostères (zostère marine et zostère naine) sont des plantes à fleurs marines (ce ne sont pas des algues) qui forment de véritables herbiers aux fonctions écologiques importantes : structuration d’un habitat particulier, support pour d’autres espèces, nurserie, nourricerie, oxygénation de l’eau, etc.
Les herbiers sont des habitats reconnus d’intérêt communautaire particulièrement importants pour certaines espèces d’oiseaux et, en particulier, les bernaches cravants pour qui ces herbiers constituent une source majeure d’alimentation pendant leur halte hivernale.
Si la zostère marine est peu présente à l’échelle du Parc naturel marin, la zostère naine (Zostera noltei) située en zone de balancement des marées représente environ 2 265 ha (estimation d’après l’exploitation de photos satellite prise en 2020- CartoHeco 2020) à l’échelle du Parc, très majoritairement sur le littoral de la Charente-Maritime. Ces 2265 ha représentent environ 25 % de la surface totale de cet habitat (évaluée dans le réseau des aires marines protégées de la façade atlantique).
Cette espèce menacée fait l’objet de mesures particulières dans les politiques publiques. L’espèce est ainsi considérée comme « en danger » dans la liste rouge régionale (Poitou-Charentes) de la flore vasculaire et constitue un habitat particulier visé par les directives européennes « Natura 2000 » (Directive Habitat Faune Flore) et par le Document Stratégique de la Façade Sud-Atlantique.
Le territoire et les acteurs du Parc ont donc une responsabilité importante dans la préservation de cet habitat.
Des plantes à enjeux
Les herbiers de zostère sont sensibles à plusieurs pressions dont celle générée par les mouillages. Ils peuvent être dégradés voire disparaitre dans la zone de ragage et d’évitement d’une ligne de mouillage et du navire.
Dans le Parc, ces herbiers sont clairement impactés par ces équipements et pratiques car ils sont situés sur des zones de mouillages, majoritairement fixes et parfois forains.
Dans le plan de gestion, les herbiers de zostère naine sont considérés comme un habitat à enjeu majeur de préservation.
Dans le même temps et dans la logique d’accompagnement des activités pour un développement durable propre aux Parcs naturels marins, le plan de gestion fixe des objectifs de maintien de la diversité des pratiques de loisirs, dont la plaisance fait partie, et de réduction des pressions des activités de loisirs sur la qualité de l’eau et sur les espèces et habitats à enjeu majeur.
OFB / CNRS
Le projet PLAIZPARC (PLAisance et Zostère dans le PARC)
En réponse à ces enjeux, le Parc a initié et mis en œuvre un projet, financé dans le cadre du plan de relance, qui a pour principaux objectifs de développer :
- des mouillages innovants permettant de limiter l’impact sur les herbiers en zone intertidale,
- des systèmes de comptages automatisés des flux de navires au droit des ports ou des zones de mouillages.
Les mouillages innovants
Un contrat de recherche et développement a été conclu entre le Parc et la société ETM marine afin de développer et mettre en test des dispositifs de mouillages, adaptés à la zone de balancement des marée (zone de présence des zostères naines) et permettant de limiter l’abrasion et les effets négatifs sur cet habitat. La première version de ces mouillages remplace la lourde chaine en acier par une ligne en textile ultra résistante, moins abrasives et dotées de bouées destinées elles-aussi à limiter l’abrasion.
Parallèlement, le Parc a proposé aux gestionnaires de Zones de Mouillages et d’Equipement Légers (ZMEL) situées sur zone d’herbier de faire un test grandeur nature de ces nouveaux mouillages. Deux gestionnaires (Commune de La Tremblade pour la ZMEL de Ronce-les-Bains et le Conseil départemental de Charente-Maritime pour la ZMEL de la Flotte-en-Ré) se sont engagés et ont acheté un certain nombre de ces prototypes grâce à un soutien financier du Parc.
Ces mouillages ont été installés et mis en service cet été sur ces deux zones. Le test sera poursuivi l’année prochaine et complété par le test d’un prototype différent du premier.
Des suivis scientifiques sont mis en place pour évaluer l’efficacité de ces mouillages en comparaison à des mouillages classiques. A suivre…
Les systèmes de comptages automatisés
En parallèle, le Parc naturel marin poursuit le développement de système de comptage automatique des embarcations de loisirs. L’objectif est de développer de nouveaux outils permettant de mesurer les dynamiques spatio-temporelles des activités de loisirs pour alimenter les réflexions sur une organisation des mouillages limitant les pressions sur les milieux marins. Ce système, qui utilise les images vidéo issues de webcam ou de caméra pour comptabiliser automatiquement et anonymement les embarcations, nécessite encore du développement pour qu’il puisse être utilisé par les gestionnaires.
Le Parc a donc conclu avec La Rochelle Université et la société IKOMIA un contrat de recherche et développement visant a produire une plateforme permettant la visualisation des données de fréquentation. Deux sites sont testés : le port des Minimes à la Rochelle où un prototype avait déjà été testé en 2019, ainsi que la zone de mouillage de la Pointe aux herbes à Ronce-les-Bains, là où des mouillages innovants sont testés. Les résultats de cette action sont prévus en 2023.
Financement et partenaires
Ce projet, financé dans le cadre du plan de relance de l’Etat, associe deux sociétés privées spécialisée dans les infrastructures portuaires et le traitement de données vidéos, une université, et deux gestionnaires de Zones de Mouillages et d’Equipements Légers (ZMEL) : la commune de la Tremblade et le Conseil départemental de la Charente-Maritime.