Des habitats côtiers sous surveillance

26 novembre 2024

En 2023, le Parc achevait le projet CoEHCo qui avait pour objectif d’améliorer la connaissance de quatre habitats côtiers du Parc (prés-salés, récifs d’hermelles, herbiers de zostère naine, vasières intertidales). Le projet SEEHAB (Surveillance de l’État Écologique des HAbitats Benthiques) s’inscrit dans la continuité des travaux menés pour suivre, jusqu’en 2027, l’état écologique des récifs d’hermelles, des herbiers de zostère naine, des champs de blocs, ainsi que des vasières intertidales et subtidales.

Un habitat benthique, qu’est-ce que c’est ?

L’adjectif benthique dérive de benthos, terme du grec ancien qui signifie profondeur. Le benthos désigne l’ensemble des organismes vivant sur le fond des mers, des océans, des lacs ou des cours d’eau. De nature rocheuse, sableuse, vaseuse, bio-construite, vallonnés ou plats, les habitats benthiques marins (découvrant ou non à marée basse) abritent une multitude d’espèces et assurent des rôles écologiques essentiels pour ces organismes.

Récifs d'hermelles à marée basse
Récifs d'hermelles à marée basse

Amandine Eynaudi / OFB

Le projet SEEHAB

Le projet SEEHAB vise à suivre l’état écologique de cinq habitats benthiques dans le périmètre du Parc, en appliquant des méthodes et protocoles standardisés afin de s’inscrire dans le cadre de directives nationales et européennes, et ainsi d’alimenter les évaluations de ces directives. Le projet permet d’augmenter le nombre de sites suivis, de mettre en commun les données acquises issus de différents réseaux « historiques », de valoriser l’ensemble des données à l’échelle du Parc ainsi que les résultats d’évaluation par habitat.
Sont suivis :

  • les récifs d’hermelles
  • les herbiers de zostère naine
  • les champs de blocs
  • les vasières intertidales (dans la zone du littoral périodiquement recouverte par la marée)
  • les vasières subtidales (dans la zone toujours immergée, située en deçà des variations du niveau de l’eau en mer dues aux marées)

Pour chaque habitat, sont prévues différentes actions :

  • un suivi réalisé deux fois par an, lors des grandes marées de fin d’hiver et d’été.
  • la mise en œuvre de la méthodologie de suivi des habitats standard nationale et inter-directive (DHFF-DCE et DCSMM*), avec l’acquisition de données sur le terrain
  • leur analyse et restitutions au sein de rapports et réunions annuelles
  • la saisie, l’archivage et la bancarisation des données sur des bases nationales identifiées pour chaque habitat
  • et la coordination des actions et l’animation du réseau des suivis en lien avec les collaborateurs et les prestataires retenus pour réaliser les suivis

Le projet SEEHAB vise également à pérenniser la communauté de travail et son articulation établie dans le cadre du projet CoEHCo. Ainsi, SEEHAB contribue à l’harmonisation des méthodes de travail entre aires marines protégées, avec les 5 Réserves naturelles nationales (RNN) incluses ou contigües au périmètre du Parc, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), le Parc naturel régional du Marais Poitevin (PNRMP), le Syndicat mixte de l’estuaire de la Gironde (SMIDDEST) et la Communauté de Communes de l’Île de Ré (CDC Île de Ré).

*DHFF : Directive Habitats Faune Flore (Natura 2000) / DCE : Directive Cadre sur l’Eau / DCSMM : Directive Cadre Stratégie Milieu Marin

Le suivi des récifs d’hermelles

L’objectif est de suivre dans le temps la part de l’estran qui est occupé par les récifs d’hermelles, de suivre leur dynamique temporelle naturelle, de vérifier si cet habitat tend à la hausse ou à la baisse, et de prédire si des changements se profilent d’une saison à l’autre.

Six sites sont suivis dans le Parc depuis 2020 (La Tranche-sur-mer, Les Grenettes, Aix, Domino, Vallière - celui de La Baisse) et depuis 2022 (Cordouan). Celui de La Baisse a été arrêté.

Le bureau d’étude FANGO réalise deux de ces suivis, participe à la coordination à l’échelle du réseau ainsi que l’analyse des données à l’échelle du Parc et leur restitution.

Pour en savoir plus sur leur suivi dans le cadre du projet CoEHCO.

Récif d'hermelles (Sabellaria alveolata)

Récif d'hermelles (Sabellaria alveolata)

Amandine Eynaudi / OFB

Récif d'hermelles (Sabellaria alveolata)

Amandine Eynaudi / OFB

Suivi des herbiers de zostères naines

Suivi des herbiers de zostères naines

Stéphane Guenneteau

Suivi des herbiers de zostères naines

Stéphane Guenneteau

Le suivi des herbiers de zostère naine

L’objectif du suivi est d’évaluer dans le temps les changements potentiels de densité d’herbiers et de la surface occupée.

Les herbiers de zostère naine sont suivis sur 7 stations dans le cadre de la Directive Cadre sur l’eau (DCE). Au fil du temps et afin d’évaluer l’état écologique des herbiers sur d’autres secteurs du Parc, les suivis se sont développés sur des stations complémentaires réparties sur le périmètre du Parc, et appliquant le même protocole.

Les suivis sont assurés par différents opérateurs et partenaires du Parc : les réserves naturelles nationales concernées (RNN de Lilleau des Niges, RNN du Marais d’Yves, RNN de Moëze-Oléron), la Communauté de Communes de l’île de Ré, le LIENSs (sur des stations complémentaires), et le Parc.  

Le bureau d’étude POS3IDON assure par délégation du Parc les suivis de quatre stations, l’analyse des données acquises à l’échelle du Parc, ainsi que la restitution de tous les résultats.

Pour en savoir plus sur leur suivi dans le cadre du projet CoEHCO.

Le suivi des champs de blocs

Le protocole appliqué permet d’évaluer l’état écologique des champs de blocs sur la base de l’observation de la biodiversité, ainsi que la pression de pêche à pied dans le Parc sur les sites sélectionnés. Trois types de suivis sont mis en œuvre : écologique (2 fois par an, en mars et septembre), de comportement de pêche à pied (4 fois par an) et de fréquentation des sites (entre 15 et 20 fois par an).

A marée basse, cet habitat est très prisé pour la pratique de la pêche à pied de loisir, une activité qui peut générer une forte pression sur le milieu. En effet, le remaniement des blocs - s’ils ne sont pas remis à leur place et sens initiaux - peut sévèrement impacter les espèces présentes, adaptées à des conditions de vie bien particulières. Cet habitat fait l’objet d’une attention spécifique, notamment depuis la mise en œuvre du programme européen LIFE+ Pêche à pied de loisir et la structuration du réseau de surveillance réseau Littorea.

A l’échelle du Parc, 5 sites sont suivis depuis le Life Pêche à Pied par le CPIE Marennes-Oléron qui continue ces opérations dans le cadre de SEEHAB.

Suivi des champs de bloc

Suivi des champs de bloc

Aurélie Dessier / OFB

Suivi des champs de bloc

Aurélie Dessier / OFB

Répartition des suivis de 3 habitats benthiques - Projet SEEHAB (septembre 2024)

Répartition des suivis de 3 habitats benthiques - Projet SEEHAB (septembre 2024)

OFB

Répartition des suivis de 3 habitats benthiques - Projet SEEHAB (septembre 2024)

OFB

Vasière de la baie de l'Aiguillon

Vasière de la baie de l'Aiguillon

Cécile Barreaud - OFB

Vasière de la baie de l'Aiguillon

Cécile Barreaud - OFB

Le suivi des vasières intertidales

Les habitats sédimentaires intertidaux, de type vasière, sont suivis depuis 2006 sur 21 stations dans le cadre de la Directive Cadre sur l’eau (DCE) et depuis 2014 sur 12 stations dans le cadre de l’Observatoire du patrimoine naturel littoral (OPNL).

Ces suivis sont assurés par différents opérateurs : les Réserves naturelles nationales (RNN) de la Casse de la Belle Henriette et de la Baie de l’Aiguillon, de Lilleau des Niges, du Marais d’Yves, de Moëze-Oléron, et le Parc (dans le cadre du projet CoEHCo, en partenariat avec la LPO) qui a déployé 3 stations de suivi sur la Baie de Bonne Anse depuis 2020.

Avec le projet SEEHAB, un complément de suivis est apporté sur trois nouvelles stations situées sur l’estuaire du Lay, l’île d’Aix et l’anse du Verdon. Ces dernières stations seront suivies par le bureau d’étude POS3IDON qui analysera l’ensemble des données collectées à l’échelle du Parc.

Pour en savoir plus sur leur suivi dans le cadre du projet CoEHCO.

Le suivi des vasières subtidales

A l’échelle du Parc, ces habitats sont suivis dans le cadre de la DCE et de l’Observatoire BenthObs sur des stations positionnées progressivement depuis 1981 puis depuis 2007. Aujourd’hui, le réseau de surveillance comprend 23 stations.

Dans le cadre du projet SEEHAB, le bureau d’étude POS3IDON, prestataire du Parc, rédigera une synthèse des évaluations menées jusqu’à présent dans le Parc afin de connaître l’évolution de l’état de cet habitat, et de positionner au mieux de nouvelles stations de suivi selon les besoins identifiés (a priori 3 stations dans la zone de la vasière Ouest Gironde). Par la suite, le prestataire aura la charge de collecter les données sur les nouvelles stations, d’analyser et de restituer chaque année les résultats acquis à l’échelle du Parc.  

Calamar en zone de vasière subtidale

Calamar en zone de vasière subtidale

IDRA Bio Littoral

Calamar en zone de vasière subtidale

IDRA Bio Littoral

Les protocoles mis en œuvre pour les suivis des vasières interdidales et subtidales sont réalisés en février-avril et/ou septembre-novembre.

Leur évaluation se base sur l’analyse des communautés de faune vivant dans le sédiment. Les indicateurs calculés quantifient les changements de la biodiversité, par rapport à des états de référence, et caractérisent le milieu selon la présence d’espèces plus ou moins tolérantes à des perturbations.

Tous les résultats du projet CoEHCO sont disponibles ici.